Les Artistes sous le chapiteau: perplexes
(103 min.)
À l’exemple de son père, Leni Peickert (Hannelore Hoger), jeune fondatrice de cirque, veut mener la performance artistique à son paroxysme. Dans le même temps, elle conçoit le naturel comme son idéal. Elle entend réformer le cirque.
Les changements qu’elle instaure causent la faillite de son entreprise.
«Quand le capitalisme fait ce qu’il aime, et non pas ce qui le sert / Il n’est guère aidé par ce qui est.»
Pleine d’une ardeur nouvelle, Leni Peickert retente sa chance sur une chaîne de télévision privée.
Distribution : Hannelore Hoger (Leni Peickert), Sigi Graue (Manfred Peickert), Alfred Edel (le docteur Busch).
Ce film fut récompensé du Lion d’or à la Mostra de Venise en 1968.
À l’exemple de son père, Leni Peickert (Hannelore Hoger), jeune fondatrice de cirque, veut mener la performance artistique à son paroxysme. Dans le même temps, elle conçoit le naturel comme son idéal. Elle entend réformer le cirque.
Les changements qu’elle instaure causent la faillite de son entreprise.
«Quand le capitalisme fait ce qu’il aime, et non pas ce qui le sert / Il n’est guère aidé par ce qui est.»
Pleine d’une ardeur nouvelle, Leni Peickert retente sa chance sur une chaîne de télévision privée.
Distribution : Hannelore Hoger (Leni Peickert), Sigi Graue (Manfred Peickert), Alfred Edel (le docteur Busch).
Ce film fut récompensé du Lion d’or à la Mostra de Venise en 1968.
_____________EXTRA:
L’absence de toute perpléxité (Pier Paolo Pasolini) « Quelque chose doit exploser même si les éléphants montent en l’air en ballon. Le directeur dit : <Tout cela est trop irrationel pour moi>. Mais moi je dis: <Cela vous donne une sensation violente> ». Dans cette mise en scène de Kluge [...] les « sensations violentes » manquent en réalité parce que, si l’on pouvait en faire un diagramme, celui-ci serait tout autant privé d’aigus que de basses. Jamais un diagramme ne pourrait être aussi régulier et aussi moyen : ce serait une ligne faite de petits points rugueux et tous égaux. La violence initiale, entièrement programmée, rend tout équivalent. Kluge ne stabilise plus aucune distance entre les choses et entre chacune d’entre elles, car ce qui les sépare n’est rien d’autre qu’une pure successivité : les actions narratives constituent un pur catalogue, extrêmement dense; chacune d’entre elles est un ‘point expressif’ et en tant que tel il ne peut être que fulgurant. La brièveté de chacune de ces actions filmiques constitue donc un vide continu qui doit être immédiatement rempli, voire saturé, par des actions nouvelles, mais analogues, parce que, comme nous venons de le dire, la violence prédéterminée met tout en équivalence. Il en résulte un trop plein, une itération, une monotonie par accumulation, une pure successivité, dont le catalogue est la forme stylistique. Mais quelle est la finalité de cette successivité délirante, de cette furie de mise en liste de petites ‘actions’ égales entre elles en subtance? C’est très simple : il s’agit de faire exploser de nouveau la violence originaire programmée et donc banalisée par un monde où tout est violence et qui est pour cela, par manque de contrastes internes, inoffensif – un monde académique en quelque sorte. Encore une fois : la finalité de la successivité par excès est de faire surgir les significations qui s’étaient perdues en son mécanisme en les réintégrant à sa propre indifférence au sens. « Nous ne croyons pas à un fil conducteur de nature thématique. Concentrer la substance, oui, mais dégager la substance à la faveur d’un <fil conducteur>, non. » Voilà ce qu’affirme Kluge. Il veut donc suivre le devenir des choses et le faire à leur propre vitesse – et pour chacune d’elle en suivant le fil de sa pensée. Et c’est pourquoi ce sont des listes, et encore des listes, les choses se faisant donc suite l’une à l’autre et sans y ajouter d’autres ‘effets’, car justement chacune d’entre elles est un ’effet’. Mais, je le répète, « l’effet » finit par surgir en fin de compte. C’est même lui le but. La tragédie consiste dans le fait que les choses « se font dans notre propre tête », et la conclusion tragique en l’impossibilité de parler de conclusion. L’oeuvre « écrite » de Kluge n’est pas une oeuvre néo-avangardiste, c’est le remake d’une avant-garde classique. La néo-avant-garde manque de superficialité et d’absence de toute forme de construction, tandis que cette oeuvre est profondément sérieuse et obstinément construite, même si le procédé choisi qui tend à l’absurde reprend celui des classiques Paris-Athènes du début du XXe siècle. A tel point que l’on ne peut pas moins affirmer avec la plus grande certitude qu’il n’y a pas dans ce fil de « fil conducteur ». Il y a autant de « fils conducteurs » que d’oeuvres, il n’est pas possible de les éviter! |